Depuis début mars, les montagnes vosgiennes sont dotées d’un dispositif innovant pour retrouver des personnes égarées ou en détresse. Une première en Europe.
L’antenne détecte les signaux émanant des balises de détresse des particuliers et des aéronefs.
Elle est aussi discrète que nécessaire. Ses ondes protectrices veulent sur tous les usagers de la montagne vosgienne, à une cinquantaine de kilomètres à la ronde. Voire un peu plus. La toute nouvelle station de localisation des balises de détresse est installée, depuis début mars, au Haut-Chitelet, sur les crêtes, entre la Schlucht et le Hohneck. Cette antenne est une gigantesque oreille, susceptible de détecter les signaux émanant des balises de détresse, qu’il s’agisse des balises grand public (les PLB, ou Personal Location Beacon) ou des balises de détresse des aéronefs, situées dans les avions civils et militaires.
« La nouveauté, c’est que cet appareil est installé dans sa version terrestre », explique Philippe Derexel, cheville ouvrière de ce projet porté par la prefecture des Voges, et notamment Hervé Petit, le directeur du service interministériel de décence et de protection civile, le conseil général, mais aussi la commune d’Anould, qui s’est dotée pour l’occasion d’une infrastructure téléphonique intégrée dans le réseau supplétif de communications de secours.
Venant compléter le dispositif de sauvetage par satellite dans Cospas Sarsat, cet outil offre surtout un gain de temps très précieux en cas de détresse. En quelques minutes à peine, il peut permettre de recevoir le signal. Une procédure raccourcie par rapport au système relié au satellite. En cas d’alerte, un message arrive conjointement à la base militaire de Drachenbronn, près de Wissembourg, à la gendarmerie, au centre opérationnel des sapeurs-pompiers, ainsi qu’à la préfecture. Les opérations de secours peuvent ainsi se diriger vers la victime ou la personne perdue à l’aide d’un matériel informatique performant. Depuis son installation, ce dispositif a déjà montré son efficacité et sa pertinence. Quelques déclenchements de balises fortuits et intempestifs ont en effet permis de le tester dans des conditions réelles. Cette station de localisation est une première à l’échelon européen. Elle met en évidence une parfaite coopération entre la France, l’Allemagne, le Luxembourg et l’Angleterre (via la société franco-britannique Orolia).
Afin de mettre la sécurité à la portée de tous, les balises sont disponibles dans toutes les enseignes spécialisées. Seule contrainte : l’obligation de déclarer au préalable l’appareil afin de connaître l’identité de la personne au cas où le signal se déclenche. Après, l’utilisation est très simple, tandis que sa durée de vie est de plusieurs années. Randonneurs, amateurs d’escalade, skieurs, cueilleurs de champignons : dans des secteurs montagneux qui ne bénéficient pas forcément d’un réseau téléphonique optimal, tout le monde gagne ainsi en sécurité. À partir de cet été, le point accueil d’Anould proposera le prêt de balises aux randonneurs.
Philippe Cuny Est Magazine http://www.estrepublicain.fr/ 6 Avril 2014